Oh oui, j’aime le thème du voyage temporel ! Point de départ d’innombrables théories en tout genre et un des gros fantasmes de l’être humain avec l’immortalité, l’idée même de voyager dans le temps me vendra toujours autant de rêve. Univers alternatifs, boucle temporelle où tout est défini à l’avance, paradoxe temporel et j’en passe, les possibilités scénaristiques dans une oeuvre de fiction sont infinies et donnent parfois lieu à des trucs assez géniaux. La trilogie Retour vers le Futur, l’interprétation au sens propre du Paradoxe du grand père dans Futurama, les clins d’oeil aux opus précédents dans MGS3 et son fameux « Time paradox ! » (en vrac et en bref); les exemples ne manquent clairement pas et ne sont pas prêt de manquer. Par contre, IRL, il semblerait qu’un début de réponse a été trouvé pour permettre tout ça: C’est pas vraiment pour tout de suite, voir jamais. Du coup, je vais devoir reporter ma partie de Time Splitters 2 avec Hitler que j’avais prévue pour 2036.
En partant de tout ça, Steins; Gate m’a pas mal intéressé: outre tout ce qui peut concerner les différents personnages et ce qui les entourent, c’est vraiment le thème principal du voyage temporel qui m’a, à lui seul, convaincu de m’intéresser à cette licence. Issue d’un VN visuellement superbe avec un style bien à lui, l’adaptation en anime tient sur 24 épisodes (ouf, de quoi développer un minimum tout ça) et le tout est orchestré par le studio White Fox, assez inconnu au bataillon (Enfin, pour ma part…) et Wikipédia semble un peu confirmer pourquoi: très peu d’oeuvre à leur actif. Du coup, adapter un VN comme Steins Gate était peut être un gros projet pour eux. Ce qui expliquerait 2/3 petits pépins…
Pour en revenir à nos bananes, Steins Gate nous conte l’histoire de Rintaro Okabe, alias Okarin (ou Kyōma Hōōin aussi mais c’est franchement moche à prononcer), jeune scientifique fougueux tout juste majeur, qui passe le plus clair de son temps dans son petit labo improvisé dans son appartement (situé au dessus d’une vieille boutique vendant des téléviseurs) à bidouiller toutes sortes d’inventions, pensant révolutionner un jour la face du monde. Il est accompagné de Daru, le stéréotype de l’otaku un peu obèse sur les bords et toujours à l’affût de caser un sous entendu un peu gras, Mayuri l’amie d’enfance du héros qui n’a d’yeux que pour lui, Ruka la… enfin, le trap de la bande qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à une nana; et le tout sera rejoint, entre autre, par Makise Kurisu, une jeune scientifique elle aussi tout juste adulte, un brin tsundere envers le héros d’ailleurs.
Sans rentrer dans les détails, tout part du fait qu’Okarin et sa bande arrivent à créer ne machine non pas à remonter le temps, mais à envoyer des SMS dans le passé grâce à un téléphone connecté à un … micro-onde. C’est déjà un bon début. Et dès qu’on touche au passé, on en subit les conséquences, surtout quand une grosse organisation traîne dans le coin.
Bon, le concept est pas mal bandant, les personnages ne sont pas trop nombreux et le scénario a suffisamment de place pour se développer mais il y a quelque chose qui m’a dérangé assez rapidement… Ouais, je vais directement tailler dans le gras pour virer ce qui ne va pas. Les personnages sont un peu trop stéréotypés, à tous les niveaux. En soit, c’est le dada de la plupart des animes, mais là… ce n’est pas « subtil », ça ne semble pas aller avec le reste. Alors que l’univers et l’ambiance ne s’y prête pas forcément, il a fallu coller à ce fantomatique cahier des charges otaku en nous proposant, en plus de ce qui est précisé plus haut, la grande timide mystérieuse, la nana déguisée en chat et j’en passe, avec la personnalité qui va avec. Oh, si ça peut en rassurer les 2/3 qui liront l’article, on arrive à s’y attacher un minimum et il n’y a rien qui pourrait vraiment rentrer dans la catégorie des anxiogènes (même si on s’en serait bien passé par moment)…
Parce que la grande force de Steins Gate, c’est bien son scénario solide et celui ci a tout de même l’intelligence d’éviter de nous balancer ces clichés à la tronche toutes les 5 minutes. C’est à dire que tôt ou tard, l’histoire, basée sur les voyages temporels rappelons le, trouvera un moyen de contourner ce « problème » de façon subtile et bien trouvée, pour le coup. Ca ne pardonne pas tout, mais eh, c’est bien d’être conscient d’un soucis et de limiter la casse.
En parlant de casse, difficile aussi de ne pas être déçu par l’aspect technique de l’ensemble. Rien de vraiment honteux dans l’absolu mais, peut être est-ce directement en rapport avec le studio qui est derrière tout ça, ça ne …casse pas des briques non plus. Le chara-design reste bon dans l’absolu (j’ai même un peu tendance à le préférer à celui du VN) mais le reste ne rend pas vraiment honneur au style graphique de l’original. On revient finalement à un visuel assez classique d’anime standard, avec en contre partie une qualité de dessin assez variable, une animation assez basique, limite animée avec 3 bouts de ficelles et sans oublier une mise en scène très… fixe, probablement dût à ses origines de Visual Novel. Mais ça rend toujours moyen, ça fait un peu flemmard. A voir avec la récente annonce du film si un peu plus de budget pourrait éventuellement corriger le tir.
Donc ouaip, pas de surprise, on mate Steins Gate surtout pour son scénario. Sans vraiment spoiler, parce que ça se met en place assez rapidement, une de ces grandes forces est d’utiliser la légende urbaine moderne qu’est John Titor. Mais oui, souvenez-vous: c’est une soit disant personne venu du futur (2036 pour être précis) qui a commencé à poster sur un forum des évènements censés se produire dans l’avenir. Rien n’a été confirmé à ce jour, forcément, mais le personnage passionne. Il passionne à un tel point qu’il fait donc parti intégrante de l’histoire de Steins Gate: on y retrouve les grandes lignes de son histoire « présumée vraie » pour apporter une certaine crédibilité à l’anime: c’est même impressionnant de voir à quel point le (les?) scénariste derrière tout ça à su greffer un univers bien à lui, une vraie trame narrative tout autour de cette légende, pour donner naissance à un résultat terriblement accrocheur.
Néanmoins, il est de bon ton de préciser que c’est un anime lent. Certes, rien d’aussi horriblement lent comparé à un certain Kaiji, mais il ne faut pas s’attendre à être tout de suite « à fond » dans l’histoire, notamment avec son premier épisode sans queue ni tête à première vue. En fait, l’anime aime prendre son temps à développer les choses, mettre en place la suite des événements… mais eh, pas trop non plus et surtout on ne s’y ennui jamais (Enfin, perso… mais c’est déjà bon signe). Si, si, je vous jure, ça a beau, parfois, ressembler à un peu de « tranche de vie » avec la vie quotidienne du groupe de scientifique au rabais, il s’y passe quand même toujours un petit quelque chose, un petit détail qui donne envie de voir la suite.
C’est assez passionnant de suivre ce petit groupe dans cette course contre le temps à base de SMS, malgré quelques facilités scénaristiques ici et là. Pas des facilités « mauvaises » en soit, juste du (un poil trop) classique mais tout de même efficace. Mais quand on s’attaque au principe du voyage dans le temps, j’ai envie de dire « normal » et dans un sens, on attend de voir – justement – comment le récit en question va s’approprier les codes du genre (L’effet papillon, la fatalité, etc.).
Le scénario avance donc doucement mais sûrement avec de bons twists et passages forts quand il le faut, relançant souvent avec brio l’intrigue. Mais que l’on ne s’y méprend pas: ce n’est pas non plus un « anime à twist », qui se repose la dessus tel un Lost avec du moe pour accrocher le spectateur. Disons qu’il y a vraiment une belle montée en puissance tout le long de ces 24 épisodes, un récit riche et prenant qui sait nous récompenser comme il se doit, au bon moment. Il y a bien quelques incohérences et trous scénaristiques ici et là (Le VN résout peut être ce problème) mais rien de bien dramatique dans le fond, l’anime m’a justement surpris en restant globalement cohérent et compréhensible du début jusqu’à la fin. Une vraie fin. Joie.
Et quand bien même il ne se repose pas uniquement sur le twist, il faudra tout de même aller jusqu’au bout de l’aventure pour pleinement la savourer, où tous les bouts de scénarios finiront par se recoller entre eux et qu’on se dira « Nom de Zeus, le scénario a tenu debout du début à la fin ! » pour que la boucle (temporelle) soit bouclée. Bien joué, Okarin.
El Psy Congroo !
(Ouais, fallait la faire, alors hein, pouet)